Mood

Girls trip : notre carnaval en Martinique

Sur un coup de tête, pour mes 40 ans, j’ai donné une réception dans un château classé aux monuments historiques de France. Un hôtel 5 étoiles lové dans les bois de Fonscolombe, à vol d’oiseaux d’Aix-en-Provence. Un lieu enchanté où 40  amis m’ont aidé à passer le cap de la quarantaine sous un ciel radieux. Un week-end où j’ai pu réunir mes amis d’enfance, mes potos de la rue (genre), mes bros du boulot ou encore les petits derniers que je venais de rencontrer en traversant la rue (à défaut de trouver du boulot). C’était fou. Mais crevant. Me croyez-vous si je vous dis que j’ai recommencé ? Mais non … Pas de fêter à nouveau mes 40 ans. Je ne suis pas Elizabeth Taylor ! Un truc dingue … sur un coup de tête. Laissez-moi vous raconter. Hihi. 

Que vaut la vie sans du rhum et du zouk ?

J’étais à la terrasse d’un café. Je lisais « Feu » de Maria Pourchet. (Ce livre est sinistre et beau à en pleurer). Je me suis dit : « Que vaut la vie sans du rhum et du zouk ? ». Je me suis répondue « Bah rien, frère ! ». Du coup,  j’ai créé un groupe WhatsApp trop stylé, un truc dans le genre : Les be-boms aux Antilles. J’ai tapé le message suivant « Les meufs, qui veut venir avec moi aux Antilles ? On se casse au carnaval ?  Sans gosses et surtout sans maris. Full liberté. On crame nos CB !  On mangera des pâtes (sans gluten pour moi. Miskina) le reste de l’année ! » Deux téméraires ont levé le doigt. Les autres, des bolosses n’ont eu que leur yeux pour pleurer… surtout lorsqu’elles ont su que nous étions dans le même hôtel que le Michael B. Jordan local.

Ni une ni deux, me voici cheffe de guerre. Ma mission ? Mettre en place un plan de débauche. Nom de code : opération « Vos MILF préférées déboulent au carnaval martiniquais. Cachez vos maris ! » Lol. Enjeu de taille. Revenir à Paris avec des souvenirs qui nous suivront jusqu’à la tombe. Tout ce qui se passe au carnaval de la Martinique ̶ ̶à̶ ̶S̶o̶d̶o̶m̶e̶ ̶e̶t̶ ̶G̶o̶m̶o̶r̶r̶h̶e̶ reste sur l’ile. 

Des strings et du Doliprane

Notre point de chute ? L’hôtel le Simon. C’est central. 4 étoiles. Art déco. Breakfast gourmand. Planteur servi comme du petit lait dès le réveil. (Vraiment les Martiniquais je vous aime lol). 

Nos activités ?  Des soirées secrètes organisées en marge du programme officiel. Des fêtes où il faut être déguisés, interdites aux mineurs et aux sainte-nitouches. En revanche, les prêtes en soutane sans rien en dessous sont les bienvenus (han blasphème). 

Sont également loués les robes transparentes, les caches tétons à paillettes et grelots, les strings ficelles et autres joyeusetés que l’on peut chiner dans n’importe quelle boutique pour adultes mal intentionnés vers Pigalle.  (Celle-ci est cool. Je ne vous ai rien dit.)

Et la dernière chose à prévoir et non des moindres : le kit de survie de la carnavalière  qui veut kiffer la vibe sans son mec. Du Doliprane. Des lunettes de soleil. De l’eau. Un rouge à lèvres. Des mouchoirs. Un éventail. Une CB avec si possible de l’argent en banque (c’est mieux) et biiiiip. Désolée, vous êtes trop petits pour que je puisse vous dévoiler le reste. 

Et se perdre de vue et dans les rues

Rosa, lili et moi avons couru les rues de la capitale (presque) sans repos. Nous nous sommes levées aux aurores pour chanter des obscénités qui ont fait réveiller la Cicciolina de sa tombe (J’suis pas certaine qu’elle soit morte). Nous avons pincé les p’tits culs des mecs  qui nous provoquaient avec leur moule-boule. Nous nous sommes moquées des soit disants « mâles alfa » transformés en Madame Doubtfire le temps du carnaval. Je me suis perdue dans des soirées olé olé pour éviter le jugement de mes copines qui elles aussi se sont perdues dans les bras de ti-mâle-zoukeur-loveur-forts. Du coup, l’une d’entre nous est revenue enceinte de triplé et une autre a accouché sur place. Ok. Ok. J’ai menti sur quelques trucs. Devinez lesquels lol. 

Une ode aux ancêtres

En réalité, il m’est impossible de décrire l’atmosphère si particulière de cet instant cathartique.  Plus qu’une fête un enchantement, une urgence de vivre, une messe endiablée qui durant quelques jours va réunir jeunes gens, malfrats, homme d’affaires, dépressifs, mal-aimés, nouveaux-nés, croyants, impurs, miséreux, femmes enceintes, malades, politiques, vedettes de cinéma, présentatrices de télé,  … Un temps heureux où les barrières de toutes sortes vont se rompre, une ligne de temps où licite et illicite se rencontrent dangereusement sans jamais se nouer véritablement, une ode à l’allégresse où l’espace et le temps sont emplis de joie.  

Et nul ne peut interdire une fesse dodue de se parer de plumes et de strass. Rien ne peut empêcher les flamboyants costumes de défiler en défiant règles et snobisme de ceux qui font la mode. Aucune force ne peut empêcher les fards et les rites de ce peuple qui le temps de quelques jours va s’unir à leurs ancêtres pour conjurer le sort. Un moyen de danser sur les cendres de la traque, du déracinement, de la privatisation, de l’enfermement, du chaos qu’on vécus les Noirs d’Afrique depuis les cales à bateaux jusqu’en Amérique. Ensemble à l’unisson, dans les rues de Fort de France nous avons vengé ceux qui ont connus les fouets et reçus des coups de canons. 

Rejouer une histoire terrible qui raconte notre fervente résilience au rythme de chants joyeux et de danses cérémonieux. Notre force est là !

Merci Rosa et Lili, mes camarades festivalières ♡

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2 Commentaires

  • Répondre
    LOUISE
    7 avril 2023 à 09:38

    WOOOW merci pour ce récit riche et haut en couleurs ! ça donne envie !!!

    • Répondre
      Rose
      7 avril 2023 à 09:43

      Hi hi hi
      Louise, ce qui se passe au carnaval … reste au carnaval mais oui c’était bien.
      Merci de m’avoir lue.

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